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à Bernard Coat

Il est des êtres inspirés, lumineux et excessifs. Bernard était un de cette espèce-là, assoiffé du besoin de découvrir les choses du monde et les gens, insupportable d’amour et de savoirs. J’ai appris avec lui que la nomenclature botanique n’était qu’une apparence, un outil indispensable qu’il fallait vite dépasser pour courir à l’essentiel : la passion des plantes.

Je le revois dans son jardin de Goas-Illy, près de Kérien en Centre Bretagne, me faisant découvrir les trésors de sa pépinière comme un enfant aurait ouvert le coffre d’un pirate,

me rudoyant sur mes approximations végétales, moi jeune apothicaire encore pétri de suffisance universitaire ; je l’entends plus tard me parler d’Histoire et de personnages inconnus : Adanson, Tournefort, Commerson, Bonpland..., comme autant de lumières dans la nuit de l’ignorance. Autodidacte, curieux maladif, son savoir était immense et son regard vous invitait, vous forçait à grimper dans son carrosse.

C’est évidemment grâce à lui que j’ai compris que l’espace botanique pouvait être un lieu de partage, d’insolence, de théâtralité, et de création artistique ; j’avais été un peu fier, moi qui aime jouer les mots, de lui offrir en retour le nom de sa dernière entreprise : « La Comédie Végétale ».

C’est évidemment grâce à lui que j’ai osé continuer son chemin de « parleur de plantes ». Chaque fois que j’ose m’avancer devant un public pour ouvrir le banquet des savoirs-, je sais qu’il n’est pas loin, qu’il me soutient, qu’il sourit et qu’il m’engueule parfois.

Cher Bernard, j’écrirai un jour longuement sur toi, Bernard, tu me manques tant.

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