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Sans le latin...


J’aime les noms populaires des plantes, ces noms que l’on dit, avec un peu de mépris « vernaculaires ».

Je sais bien, avec tout le respect que j’ai pour les botanistes nomenclateurs, classificateurs, qu’il vaut mieux désigner les végétaux sous leurs noms latins ( Au secours, Linné, en cette époque troublée, alors que l’apprentissage des langues anciennes est contesté, on pourrait trop facilement se moquer, avec Alphonse Karr, de ces botanistes dont l’art est de « mettre des plantes entre des feuilles de papier, puis de les insulter en grec et en latin… »).

Mais moi, j’aime dire à haute voix leurs noms populaires. Quand je dis Grande Pimprenelle, apparait une marionnette un peu pimbêche, mais si je dis Sanguisorbe, je deviens alchimiste ; quand je dis Joubarbe, j’en ai plein la bouche, quand je dis Grande Astrance, j’imagine un tableau de Degas, quand je dis Ruine de Rome, je suis au Colisée. Alors je sais bien que le terme de « Coucou » désigne ici six espèces différentes, que le « Thé des Alpes « de Chartreuse n’a rien à voir avec celui du Queyras, mais qu’importe ! C’est cette lexicologie populaire qui fait la richesse et la poésie du monde des plantes.

Mais on peut aussi s’amuser avec leurs patronymes scientifiques : Si l’on dit Tussilage, je vois sagesse et harmonie, mais si l’on s’écrie : Tussilago farfara, j’imagine aussitôt dans de lointaines steppes enneigées, un prince claquant le fouet d’un traineau plein de fourrures, fuyant un palais au bras d’une belle enlevée. Parler de Crapaudine est ignoble, alors que Sideritis hysopifolia brille de mille paillettes.

En fait, le latin est indispensable.

Brassens avait raison : "Sans le latin, sans le latin, plus de mystère magique, Le rite qui nous envoute s’avère alors anodin…"

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