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La Filante

Il y a de cela quelques années, j’entendis parler d’une plante un peu mystérieuse appelée la filante. Qu’une fleur portat ce nom me remplit de rêverie. J’oubliais de regarder dans les livres. La Filante ! J’imaginai une plante fantasque, unique, apparaissant à l’improviste, s’installant au hasard, se hâtant de pousser dans la nuit pour ne fleurir peut être qu’une seule journée.

La Filante de Montpellier, j’avais bien entendu, une herbe de toute urgence, une herbe à toute vitesse, une herbe vive, une herbe d’esquive, légère et volatile comme Sabine Azéma dans le film « Un Dimanche à la campagne », de Bertrand Tavernier.

Une herbe que seuls des botanistes patients et obstinés pourraient, avec un peu de chance observer, à condition d’attendre des nuits durant derrière un talus propice.

Patience, silence, rosée dans le matin, il fait froid, vite, un petit café. Elle est là.

Hélas !

Si j’avais été un peu moins rêveur, un peu de rigueur botanique m’aurait rapidement ramené sur terre : si j’avais pris la peine de vérifier dans des livres sérieux, j’aurais réalisé que le vrai nom de ma Filante, au doux nom de gazelle, s’appelait en réalité Aphyllante .

La Filante, l’Aphyllante, drame de l’homophonie. Aphyllantes monspeliensis, l’aphyllante de Montpellier.

Il n’empêche. A chaque printemps, lorsque sur le talus de la route qui mène de Saint Baldoph au Col du Granier éclatent les étoiles bleue de l’ « œillet de Montpellier », dont c’est d’ailleurs une des « stations » les plus septentrionales pour cette plante des garrigues du sud, je me souviens de cette petite honte de botaniste qui croyait savoir.

Et chaque année, en la retrouvant, je pense à Sabine Azéma.

Ma Filante.

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