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Exigeante aubépine


Ce matin, je cueille les sommités d'aubépine dans mon jardin. C'est une discipline rigoureuse, qui nécessite de bons gants. Il faut d'abord repérer un arbuste sur le point de fleurir, d'une couleur presque de sable. S'il est trop blanc c'est trop tard ! Il faudra attendre l'année prochaine. On le salue avec respect, et on commence à égrapper les jeunes rameaux du pourtour en les serrant avec douceur à leur base, entre trois doigts, puis en glissant le long de la petite branche ; Tout est question de délicatesse, presque de tendresse : pas assez fort on déchirerait les feuilles, trop on arracherait le bois. Ainsi tombent peu à peu dans le panier les jeunes feuilles et les perles de fleurs pas encore écloses. Si l'on opère bien, aucun risque de se faire agresser par les épines, pourtant déjà acérées, qui dardent son écorce. Une fois qu'on a apprivoisé l'arbuste, on peut tenter, si l'on est effronté, de rentrer à l'intérieur de la frondaison, pour atteindre les troncs plus anciens ; exercice difficile car les griffes des vieux bois forment alors des défenses fort hostiles : on cueille cette fois les petits bouquets un à un, en prenant soin d'en laisser en place pour que les futurs fruits ou« cenelles » méritent leur nom de pain d'oiseau.

Il restera encore à trier, éliminer les parties ligneuses, quelques lichens, les vieilles baies séchées des saisons anciennes, puis à disposer le trésor sur une toile de tulle au fond d'une cagette. Allez, hop ! Au séchoir, à l'ombre des tôles du grenier. Dans quelques temps, la belle sommité d'aubépine séchée, avec son odeur lourde et son bruissement de pluie, pourra entrer dans la composition de philtres bienveillants contre les tourments du cœur et de l'esprit.

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