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Saga cinéma

Mes relations avec la télévision sont plutôt distantes ; sans jouer les suffisants, le plus souvent, elle m'ennuie. Certes, j'ai rêvé autrefois en regardant les émissions d'Haroun Tazieff, du commandant Cousteau ou plus récemment de Nicolas Hulot, mais imaginer, à ma petite échelle, que ma petite aventure sur les routes de France pourrait susciter l'intérêt des agitateurs de petite lucarne m'amuse.


L'équipe débarque au petit matin et nous voilà partis. On fait rouvrir à l'aube le Jardin pour la Terre sur un coup de téléphone, magie du pouvoir du spectacle, et le film commence. Vibrionnement du drone, ordres, contrordres, répétition de prises de vue de marches sur l'équateur couvert de roses et d'alchémilles.


Tout cela est bien fatigant et si loin de mes solitudes. Mais je me prête au jeu. Je sais que cette forme de communication est désormais importante pour faire passer mon « message » de marcheur inutile, et que le colportage de savoirs passe aussi par les écrans magiques. Alors je marche, à tous les sens du terme.


On quitte Arlanc, direction la belle lumière, pourvu qu'il y ait de quoi « faire de l'image ». Chercher un chemin propice, charger, descendre la chariote, marcher dans un sens, dans l'autre, revenir, repartir ; prendre l'air inspiré et décidé à la fois. Tout cela est dérisoire, léger et épuisant.


Le réalisateur veut créer du divertissement, c'est son métier et il est sympathique, autant que son caméraman. Je ne sais si mon propos sera compris : on verra bien.


Je me coule dans cette douce et rassurante fonction du comédien de télévision, qui écoute les ordres et exécute, un peu comme à l'école. Pas besoin de réfléchir, aujourd'hui c'est relâche.


Finalement, de plan en plan, de survol de drone à la recherche d'horizons bien ouverts, on arrive à dépasser Clermont-Ferrand et terminons le tournage au pied des puys. Je suis fatigué, beaucoup plus qu'après une journée de marche. Il sera temps demain de revenir dans un temps plus réel, plus proche de mes aspirations profondes, mais j'ai découvert aujourd'hui l'univers de la réalité reconstruite qui scintille et qui charme. Instructif.


Yves Yger

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