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Oser hêtre...


J'affirmais hier, lors d'une sortie dans les Bauges inondées de lumière, que parmi tous les arbres de la forêt, j'avais une attirance particulière pour les hêtres.

Si le peuplier m'indiffère, si l'érable m'amuse, si je respecte le chêne, avant tout le hêtre me plaît et m'invite sous ses branches. Qu'il soit gros « fayard » sous l'Arclusaz, ou bien simple arbuste tortueux accroché au talus, ou encore pourpre monumental dans un parc vénérable, j'ai envie à chaque fois de m'en approcher, qu'il me raconte des histoires.

Le chêne, dit-on, est le roi de la forêt, inflexible, forcément mâle, voire un peu dictatorial.

Le hêtre, dont le nom, comme la plupart des arbres, est aussi pourtant du genre masculin, lui en serait la reine, ou plutôt la « mère », génitrice, aimante, protectrice.

Hêtre : être, évidemment. Le nom sonne comme s'il était posé.

Sa feuille parfaite, brillante comme un sou neuf, bordée de discrets cils, représente « la » feuille absolue, la plus simple.

Chaque fois que j'ai mal, chaque fois que j'ai des doutes, je vais m'abriter sous le hêtre, toucher son écorce mosaïque, et souvent y prendre conseil, avis et au moins réconfort.

J'ignore les règles « officielles » de la communication avec les arbres, je me méfie des pratiques sectaires, je ne sais d'autre approche des arbres que personnelle, intuitive, poétique. Je ne connais seulement que le bienfait qu'il me procure, comme une mère console d'un grand chagrin, de la perte d'un objet auquel on tenait tant, d'un amour qui s'en va, ou plus grave, d'un voyage qu'on ne fera jamais, .

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