Il est où, le soleil ...?
Relâche dans le Diois, chez mes amis Brigitte et Jérôme, après bientôt une semaine de marche diagonale.
Ici c’est le Sud mais contrairement à ce qu’écrivait Giono, on n’y prend pas le soleil ! Le soleil !
Traverser Châtillon sous la pluie, alors que je ne connais ce village que sous sa chaude lumière !
Pourtant j’en ai tellement besoin, de son réconfort : depuis que je l’ai oublié au Lac Saint André, allongé dans l’herbe de vanille, c’est le vent, la brume, la pluie, jusqu’aux dernières neiges qui accompagnent ma route longue. La terre a oublié, et veut rester en hiver. J’ai terriblement faim d’Oc, de Cévenne et de chaleur au corps, d’offrandes douces et de caresses interdites, d’amours exquises après tant de pierres froides, du goût des cerises à l’ombre de la tonnelle, des rires des filles au loin et du souvenirs de leurs parfums, ceux du thym et de la lavande aussi, indispensables.
J’ai croisé justement hier la lavande sauvage tout autour d‘Archiane, et son secret était encore endormi dans les jeunes tiges : il faut les forcer, les frotter, pour en extirper, comme un voleur, la fragrance verte et un peu camphrée qui s’y dissimule. Un peu comme un gamin défait les sépales soudés du coquelicot pour en déplier les pétales chiffonnés, afin de vérifier en souriant le contenu de la bourse, et la promesse de la couleur du futur trésor.
Envie d’un grand verre de vin noir posé sur la margelle, comme une balise de vie et d’éternité, dont je savourerai la promesse par avance, en attendant que le jour s’arrondisse.
Humer l’arôme de la terre et des racines, y tremper ses lèvres, prendre le temps de jouer avec les anges. Mais les vignes d’ici ont souffert du froid et leur enfance s’éternise, et la récolte s’annonce chiche cette année.
Je boirai donc mon prochain vin de l’autre côté du fleuve Rhône.