Du vent!
Sur le Serre de Barre, au col des vagues interdites, moi le marin des quarantièmes déambulants,
j’ai connu la nuit des tempêtes, mon Walpurgis en retard . Couché dans la petite tente bleue, qui plie et se relève sous l’infernal vent du Nord, j’entends la musique effrayante des bouleaux et des peupliers trembles, qui se souviennent des tempêtes tramontanes et se moquent des colères.
Je suis le skipper solitaire qui rêve dans la nuit des tourmentes, rassuré par la lune de Cyrano, je ne dors pas, non, je vole, au dessus des forêts de la Cévenne qui se cache en dessous. Loin.
J’ai rangé tous les vents du monde
Dans des boîtes grises en carton
J’y ai collé vignettes rondes
Avec un rien de collodion
Le matin parfois je soulève
Leurs couvercles bien ajustés
Pour savoir si les vents se lèvent
Quand il n’ont pas la liberté
J’ai rangé dans le vaisselier
De ma petite salle à manger
La Bise, le Mistral, la Galerne
Le Foehn, le Farou , le Nordet
Un jour sur la plus haute montagne
J’apporterai ma collection
De Noroîts et de Tramontanes
D’Autans, de Cers et d’Aquilons.
J'avertirai les papillons
De se poser, faire attention
Et j’ouvrirai toutes les boites
Quand les oiseaux me le diront
Il ne faut pas claquemurer
Les vents dans des p'tits cartons.
Ecrit dans ma tête, dans l'infernal vent du Nord, sur la crête qui court vers Villefort.