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FIN DE CURE

Six heures du matin, la petite heure ; pour cette dernière étape en Morvan, je veux marcher avant la grosse chaleur annoncée. Encore des jeux de brouillard, comme lors de mon arrivée à Uchon, lors de mon entrée, il y a si longtemps.

Comme pour le refermer, rien que pour moi, le spectacle de cette traversée du massif. Rideau ! Le bon chemin s’amuse avec la rivière Cure, monte plusieurs fois sur le plateau, dégringole dans la vallée, suit son courant, traverse de vieux villages encore endormis à cette heure. J’herborise en vue de mon animation « officielle » à Vézelay, collectant valériane, hellébore, bryone, et même ail des ours !

Le village de Cure, sur la rivière homonyme : toute la France résumée là, dans cette lumière tranquille et rassurante. Ma France, la voix de Ferrat, encore.

Et puis Pierre-Perthuis, ponts étranges et ruines de remparts, pour quitter le songe. A l’horizon, après cinq heures de marche, enfin, toute proche, l’espéré promontoire, Vézelay, comme un décor.

« A bientôt, cher Max, sur notre colline », écrivait Maurice Clavel à Max-Pol Fouchet. Ces mots de sa tribune libre dans « l’Observateur » me reviennent comme une antienne.

J’ai hâte d’arriver. La circulation, et puis le monde, et puis le bruit, l’apparence, les touristes, que mon étrange équipage interpelle, avec ma chariotte couverte d’herbes bizarres et mon air ahuri. Au carrefour, Je me fais héler par une dame, charmante et compatissante : « Eh, vous faites fausse route ! Les pèlerins, c’est dans l’autre sens !» Je lui explique, que non, je ne suis pas un coquillard, moi je remonte. « Ah oui, d’accord, vous nous la faites à l’envers ! » Oui, à l’envers, ça doit être ça. Je suis fatigué, pas de déjeuner ce matin, je me hisse en force jusqu’à la haute ville, restaurants, fric, ateliers d’artistes (?), tout le bazar habituel des hauts lieux touristiques. Une bière, une pinte, vite. Qu’est-ce que je fous là ?

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