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Jour de Loire

A partir de Bonny, mon itinéraire court d’abord le long de la rivière Cheuille, encore toute bourbeuse des orages de la veille, avant de confluer avec le Fleuve.

Sept heures du matin, en ce dimanche de brouillard rassurant, celui qui adoucit les aspérités du monde. Je cueille les herbes pour la conférence de cet après-midi à Briare.

Millepertuis, bryones, aristoloches, cytises… : autant d’herbes et d’arbres à histoires, baignées de l’ambiance sorcière un peu monstrueuse du fleuve tout proche, dont le courant puissant et les eaux turbides créent un arrière-plan mobile plutôt impressionnant. Comme un orchestre de chambre qui jouerait en direct devant la gueule géante d’un laminoir infernal.

Briare, le pont-canal ; il pleut et l’ouvrage est en pleine réfection. Devant des réalisations aussi énormes, avec les moyens techniques de l’époque, je suis toujours sidéré par leur vacuité : à peine construits, le pont-canal, comme en Centre-Bretagne, la tranchée de Glomel sur le canal de Nantes à Brest, sont devenus très vite inutiles avec l’arrivée concomitante du chemin de fer. Des travaux de titans pour des noisettes. Aujourd’hui ce sont les yachts de tourisme fluvial qui ont pris la place des barges de vin et de bois coulant de la Bourgogne : à Briare, on ne crie plus sur les quais, on ne tire plus sur les filins, et on ne se soûle plus dans les estaminets et, à l’entrée du pont, dans la maison réglementaire de l’administration des Ponts et chaussées, exerce un Maître-Glacier…

Animation au Bar des Sciences, devant une assemblée nombreuse et attentive. Quelle jubilation de partager mes petites connaissances devant des inconnus, et de faire découvrir à certains les herbes des sentiers de leur propre pays ! J’affectionne ces « banquets des savoirs », ces temps de réjouissance à transmettre, et plus je les pratique, plus j’ai envie d’en faire des moments de spectacle. Certains grinche-rhubarbe me traitent de bateleur ! Quelle fierté ! Je savoure, je rebondis, je m’amuse, moi qui prétends faire des tours d’adresse avec la science des plantes. J’aurais tant aimé, au temps bénis des Cabinets de Curiosité, être celui qui ouvre les armoires ! Ah! le beau mot de Vulgarisateur : oui, je revendique la lignée, en toute immodestie, de François de Closets et de Jean-Marie Pelt, ceux qui ont enchanté ma jeunesse de leurs belles leçons de choses.

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