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ACTE 2 : FIN

Les lisières de Chambord se font plus claires, et les briques solognotes laissent définitivement la place à la plus noble pierre de tuffeau. Entre Cosson et Beuvron, les deux rivières qui vont mourir en Loire, les chemins tracent encore quelques belles perspectives dans les forêts de Boulogne et de Russy, mais l’on n’y croit plus vraiment. Ici se termine la Sologne et commence le riche écrin de la Loire, où commencent à s’égrener les admirables châteaux.

Ce pays, visiblement, est riche. Ah oui, c’est vrai, nous sommes samedi, et les familles vététistes sont de sortie hygiénique et hebdomadaire dans les forêts royales : casqués et harnachés, sous la conduite du Pater Familias quadra CSP+, généralement barbu, maman et sa progéniture me doublent dans les lignes droites, mais se retrouvent vite enlisés dans la glaise des fossés, produisant pleurs, invectives et remontrances domestiques, alors que mes échappatoires pédestres me permettent aisément de franchir la fange : petite revanche secrète du piéton à appendice sur le gang des « B-twin » rutilants, une certaine satisfaction. Il y avait longtemps que je n’ai entendu autant crier dans les bois !

Le village de Cellettes, où il est prudent de passer incognito, au cas où l’on voudrait vous mettre à l’avant-scène : j’y déjeune dans un bistrot où la télé diffuse le premier match de la France en coupe du monde de foot, en Russie. J’avais oublié. Dieu quel retour à la civilisation !

Jamais depuis mon départ je n’ai rencontré autant de bruit, autant d’actualité beuglarde, et je suis un peu sonné. Enfin, le sentier grimpe sur une levée de ma chère Loire, face à la ville de Blois, son château, son pont à dos d’âne, sa cathédrale.

De mes forêts, je reviens d’un autre monde.

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