Le poirier et le noisetier tors
Un poirier grandissait tout en haut d’un verger
Etait-il Conférence, Guyot ou bien Beurré ?
Le jardinier parti, on avait oublié
L’année du catalogue et puis sa variété
Or un écureuil sage, pressentant la froidure
Cacha quelques noisettes tout près de la bordure.
Las ! l’hiver, cet an-là, ne fut pas rigoureux
Et le trésor volé fut beaucoup trop copieux.
Un coudrier germa sur le garde-manger
Un arbuste si tordu qu’on le crut éméché.
Le poirier se gaussait de l’arbre biscornul
« Avec vos tortillons vous êtes ridicule
Croyez-vous, de vos branches, me chanter des turlutes ?
Ou bien du liseron imiter les volutes ?
A moi les fleurs blanches, à vous les chatons gris
Mes fruits tendres et moelleux, les vôtres rabougris
Mes branches toutes droites, les vôtres tournicotent
Allez, souffrez l’ami, que je vous asticote ! »
Or l’hiver s’en revint, et la neige et le froid
Oubliées les cueillettes, on était bien chez soi
Le tronc de l’arbre à poires se retrouve tout nu
Alors que son compère, malgré les feuilles perdues
S’amuse se dandine, dentelles et falbalas,
Et se joue de la glace, qui lui donne mille éclats.
Moralité :
Si douces soient les poires de l’arbre fruitier
Ne jamais vous
moquer des aveliniers !
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