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LES REVES DE L'AGAVE




Être ignorant n’est pas si grave !

Savez-vous le genre de l’Agave ?

Car en latin, c’est féminin :

C’est bien la fille d’Agavé,

Une déesse des temps anciens.

Cependant son identité

En français est au masculin.

Alors si vous le voulez bien,

Pour la clarté de nos esprits,

Gardons cette catégorie !


Un Agave, donc, en Armorique,

Songeait aux rives mexicaines

De ses origines lointaines.

- « Mes gènes sont de l’Amérique

Moi je m’ennuie chez les crêpières.

Tous ces binious, ça m’exaspère !

Amenez-moi des mariachis,

Des tortillas, des maracas !

Je n’ai que faire de ce pays.

Les dolmens, moi, ça m’angoisse !


Je vais pousser, faire des graines :

Dès que je vois un sombrero,

Qui en touriste, se promène,

Je les largue dans son bateau !

J’irai retrouver Escobar

Dans le jardin de son château :

Moi je sais faire le Mezcal

Et la Téquila-rapido ».


Il a fallu quarante années

Pour que l’Agave monte au ciel.

Parfois les ans semblent éternels

Quand on attend la marée.


Enfin au bout de tout ce temps,

Une hampe fière a grandi :

Presque dix mètres dans le vent,

Avec au sommet tous les fruits.

Où est le groupe folklorique

Tant espéré pour le trafic ?


Mais l’Agave ne savait pas

Que la Nature peut être injuste.

Il ne fleurit qu'une seule fois,

Et puis la Camarde s’incruste !

En haut du mât, s’ennuient les graines,

Et toujours pas de paquebot !

On s’impatiente, on est en peine

L’aventure est-elle à vau-l’eau ?


Quand la tempête est arrivée,

C’était la fin du mois de mars.

Toute la mâture s’est envolée

Sous les assauts de cette garce.

Toutes les semences se répandirent

Sur la presqu’île des menhirs.

Et notre agave originel

Sentit ses feuilles dessécher.

Lui qui se croyait immortel,

N’était plus que feuilles fanées,

Quelques débris, de la poussière,

Pour sustenter les vers de terre.


Quand le grand vent devint plus sage,

On vit sortir quelques rosettes

Dans les jardins du voisinage :

Quand la vie veut, rien ne l’arrête !


Quarante ans plus tard, mes amis,

Les jeunes agaves, ayant grandi

Se disaient : - « Mais qu’est-ce qu’on fabrique

Sur cette terre de Bretons ?

Nos gènes sont de l’Amérique,

Il serait temps que nous partions !"

Las ! pas de groupe folklorique :

Se perdent toutes les traditions !


Il faut penser à ses racines,

Savoir toujours d’où l’on vient.

Ce n’est pas nier ses origines

Que de souscrire à son destin.



L’Agave, Agave L.

A Porz Mabo, en TREBEURDEN (22) le 26 mars 2021

© Texte et photos Yves YGER, mars 2021

Toute utilisation à but commercial interdite


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