MA BELLE PIONNIERE
Elle revient en février,
Comme on dirait d’un grand voyage,
Car l’hiver l’a enterré.
Je veux parler du tussilage.
Comme le soleil dans la glaise,
Comme de l’or dans la gadoue,
Comme le feu après la neige,
De Novgorod jusqu’à Moscou,
Avec son nom de Prince russe,
Mon Tussilago farfara
Pourrait guider une troïka !
Mais quelques miettes de détritus
Sur de la terre miséreuse
Savent faire pousser ses étoiles
Pour que la fange soit lumineuse.
Parmi les plantes pionnières,
C’est une vraie curiosité.
Son nom : « Le fils avant le père »
Car ses fleurs sont prématurées.
Ce matin-là, j’avais la toux,
Comme un vieux coq qui s’enroue.
Mais où est-elle ma panière ?
J’ai rendez-vous dans la carrière !
J’ai grand besoin des capitules,
Comme le trimard les sequins.
Je sais l’image est ridicule :
On doit respecter les coquins !
De la terre plein les genoux,
La moisson est bien légère.
Le ramassage prend un temps fou,
On se dit : quelle misère !
Pour faire comme un professionnel,
On ne choisit que les jeunes fleurs.
En effet, une fois passée l’heure,
Aux fleurettes naissent des ailes,
Et si les plumes ont poussé,
C’est le cueilleur qui est plumé !
Juste une petite cuillère
Pour un bol d’eau, qu’on fait bouillir.
Il n’est surtout pas nécessaire
D’exagérer pour mieux guérir.
Car il est arrivé parfois
Qu’elle soit toxique pour le foie.
Sa floraison est si fugace
Qu’il faut venir au bon moment
Deux jours plus tard, bonjour l’angoisse,
Attendez le printemps suivant !
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