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MARGUERITE

MARGUERITE


Vous rappelez-vous de la Dame aux camélias,

Le célèbre roman d’Alexandre Dumas ?

Hélas, on ne lit plus guère les œuvres classiques !

De nos jours, nous vivons à l’ère numérique :

C’est l’instant qui dirige, et non plus la passion !

Pourtant ce matin, moi qui crois à la raison,

Au jardin du château, j’ai connu le vertige,

Comme un éblouissement surgit par surprise.

Acceptez, vous qui le monde des arbres aimez,

Que je vous raconte cette histoire insensée.


Alors voilà : Armand chérissait Marguerite

C’est l’intrigue du roman, vous vous souvenez ?

Il l’enlève : de nos jours, l’action est illicite ;

Le beau-père fera tout pour récupérer

Sa fille qui parlait par la langue des fleurs :

Des camélias, elle savait le vocabulaire,

Mais quel végétal est éloquent pour le cœur ?

Par un damné malheur, elle était poitrinaire :

Plus forts que l’amour, les miasmes l’ont emportée.

Vivement que l’on découvre le BCG !

C’est bon ! Vous savez tout de la littérature.

Ne dites pas merci au Chemineau des Herbes :

Dans les salons, faites briller votre culture,

Mais ne racontez pas que vous lisez son verbe !


A côté de l’allée qui conduit au castel,

Il est un rouvre immense, on dirait un gardien.

Il est si apaisant qu’il paraît immortel :

On dirait qu’il protège les êtres du jardin,

Et les arbustes fleuris qui couvrent son pied,

Ces joyeux camélias aux formes si multiples,

A la floraison simple, double ou même triple,

Qui font le bonheur des amateurs passionnés.


Il n’y avait personne, à dix heures, je vous jure,

Je n’avais pris ni rhum, ni mon blanc du matin,

Celui qui vous décape la sagesse et le teint,

Quand j’ai aperçu l’étonnante créature.

Elle marchait vers le château : je l’ai reconnue.

Ma mémoire n’a fait qu’un tour, et tout de suite,

A son chapeau festonné, son air entendu,

Sa taille de coquette : oui, c’était Marguerite !

Et ma suspicion s’est promptement vérifiée,

Quand vers les camélias, je l’ai vue s’approcher.

Alors, vous me croirez ou pas, peu d’importance !

Une branche du chêne, vers elle, s’est abaissée,

D’un geste comme doux, d’une telle bienveillance

Qu’ainsi Eurydice fut caressée par Orphée.


J’ai voulu crier, invoquer le grand Dumas :

Le chêne était donc Armand, c’était évident !

Les amours qu’inventent les écrivains, au-delà

De leurs livres, s’envolent dans la gloire des temps.

Et nous, misérables, sur la terre des hommes,

Nous rêvons en rampant aux flammes chimériques,

Aux élans de nos cœurs, c’est ainsi que l’on nomme

Les rares instants où nous sommes la musique.


Que vive Marguerite, et que vive Dumas,

Que vive aussi Verdi, avec sa Traviata,

Que vivent à jamais mes chères Lettres Classiques,

Qui chantent autant l’Amour que la Botanique !



Le Camélia, Camelia sp.

Le Chêne, Quercus sp.

Au jardin du château de La Roche-Jagu, en PLOEZAL (22), le 23 mars 2021


© Texte et photos Yves YGER, mars 2021

Toute reproduction à but commercial interdite


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