PETITE VENGEANCE
Les chênes, en bordure de la mer,
Lorsque la nuit fait marée haute,
Ont de bien curieuses manières
Quand sont couchés les garde-côtes :
Ils déboutonnent leurs racines,
Et vont danser la passacaille
Et farandoles clandestines
Dans les fougères et la rocaille !
Moi qui observe les étoiles,
Et m’entretiens avec la lune,
Tel Cyrano du littoral,
Guettant le reflet de Saturne,
J’ai aperçu, près de la lande,
Une bacchanale roburienne :
C’est ainsi, selon la légende
Que l’on dénomme la danse des chênes.
Un pas de deux, trois cabrioles,
Un passe-pied, une mazurka,
Non mais des fois, qu’est-ce qu’ils rigolent !
Ah s’ils savaient que je les vois !
C’est vrai pourtant, je vous l’avoue,
Moi qui tous les soirs de fest-noz
Reste au comptoir, à boire des coups
Hélas valser, jamais je n’ose !
Je les ignore, je les méprise
Ces acrobates, ces baladins !
Et c’est tant mieux, si ce matin,
C’est grande joie, belle surprise,
Que de les voir, bien immobiles,
Et tout tordus, ah je jubile !
Les chênes, Quercus sp, au Yaudet, en PLOULEC’H (22), le 2 février 2022
© Texte et photos Yves YGER, février 2022,
Site : www.lechemineaudesherbes.com
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