QU'IL APPROCHE !
Y a-t-il dans l’assistance un vrai connaisseur,
Quelque bon spécialiste en étymologie,
Qui de ses connaissances nous ferait l’honneur
D’instruire notre très ignorante compagnie ?
J’ai trouvé tantôt, derrière un petit rocher,
Dominant l’Océan, cette belle fleur blanche.
Selon mes souvenirs, c’est un Silène enflé,
Une végétal ami, compagnon de l’enfance.
Je me souviens, comme l’aurait dit Samy Frey,
Jouant au plaisir des mots de Georges Pérec,
Que dans les cours d’école, on l’appelait claquette,
Pétarelle ou pétarde, car il éclatait
Quand on écrasait, entre le pouce et l’index,
Ses pétales soudés, tels une outre grotesque.
Il parait que Silène est le nom d’un poivrot,
Le père de Bacchus, le roi des picolos.
Est-ce pour son calice, comme un Jéroboam
Qu’on le baptisa sous le nom de ce quidam ?
On dit « Silène », et pourtant on entend « Sirène »,
Ah Non ! Pas de pochard dans les contes d’Andersen !
Il paraîtrait que ses curieuses boursouflures
Ressembleraient aux guibolles de ces falzars
Que portaient nos grands-mères. Vade retro, luxure !
Aux culottes de nos aïeules, paix et mémoire !
Qu’il se découvre, qu’il approche, ce parfait linguiste !
Et surtout qu’il ne nous conte plus de salades :
Avec ses histoires de licheurs, de couvre-cuisses,
Et de vieilles pétoires, ce faquin nous balade !
J’aurais tant apprécié connaître l’origine
Et l’aventure de ce curieux patronyme.
Mais tout ce que je sais, c’est de l’histoire ancienne :
On le dénomme ainsi depuis Mathusalem !
Le silène enflé, Silene vulgaris, à Beg Léguer, LANNION (22), le 10 mars 2021.
(c) Texte et photos Yves YGER, mars 2021
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