VISITE AU VIEILLARD
Camarade vieux chêne, qui vient du moyen âge !
Celui qui l’a planté devait être un poète,
A moins qu’un écureuil, sentant comme un présage
Que l’hiver serait froid, et craignant la disette,
Dissimulât des glands sous le creux d’un rocher,
Et le printemps d’après les aurait oubliés :
Parmi les rongeurs aussi, Aloïs sévit :
De l’amnésie, personne ne peut être à l’abri !
Je suis passé tantôt : il dormait dans l’hiver.
On ne dérange pas un vieillard qui sommeille :
On l’approche, on se tait, comme dans un monastère ;
On marche sur la mousse des fois que le soleil
Lui ferait envie, à mâtines, de s’éveiller.
- « Allons, cher Papy, ce n’est pas l’heure du café :
Avec aujourd’hui ce qu’on lit dans les gazettes
Comme on traite les anciens, ah ça oui, je m’inquiète ! »
Il a plus de mille ans, et connu Charlemagne,
Au moins Hugues Capet, Saint Louis, c’est assuré ;
Et moi je me promène, et je cours la campagne,
L’air nigaud, avec mes courtes septante années.
Mais je suis certain que cet arbre vénérable,
Je dois vous le chanter, sinon serais coupable !
Le Chêne pédonculé, Quercus robur, à Tronjoly, en BULAT-PESTIVIEN (22). L’âge de cet arbre remarquable est estimé à plus de mille ans.
© texte et photos Yves YGER, janvier 2022. Toute reproduction à but commercial interdite.
Comments