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Envahissante alliaire ?

Il me semble qu’au long du bord des routes, on voyait autrefois beaucoup moins d’Alliaire qu’aujourd’hui. Je la croise désormais chaque printemps sur les talus, surgissant parfois d’une cicatrice de bitume, d’un aléa d’ornière, plus insolente, plus vigoureuse, ses tiges drues dressées comme un faisceau de courte gloire, ses feuilles découpées bien brillantes, cirées comme un dimanche, presque trop parfaites. Heureusement, son petit toupet de blanches fleurs de chou, un peu ridicule, corrige l’arrogance de la belle, et me la rend plutôt sympathique. C’est de la fleur utilitaire, rationnelle, un peu simpliste, comme si la guerrière refusait d’être coquette. Ne vous laissez pas rouler par ses manières un peu rustres, sortez votre couteau et coupez la à mi-hauteur. Ne gardez que les feuilles vernissées, de ce vert si particulier, ce vert de printemps comme dans les livres d’images, mettez la en bouche et succombez au charme de l’obstinée : voilà un goût subtil et puissant à la fois, rappelant l’ail sauvage et le cresson, qui transcende les plus simples salades, et fait rire les pestos. Dépêchez-vous d’aller cueillir l’Alliaire, dans deux à trois semaines toute sa troupe aura disparu dans le tourbillon du printemps qui farandole.

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