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Je me souviens de Nantes


Je suis revenu en Chartreuse, chez moi au cœur de mon « île » des Entremonts, quittée il y a plus d'un mois. L'été a déjà brûlé les pâturages, et la terre argileuse se craquelle sous le vent chaud. Les fleurs de sureau, de valériane, de millepertuis et d'achillée se sont enfuies sous la canicule, se dépêchant d'égrener avant la prochaine bourrasque, qui enverra avec un peu de chance leurs codes et leurs messages secrets sur le sol durci.

Je rêve.

Je suis avec Frédérique Soulard, mon indispensable « Belle de bitume », et sa charrette qui raconte des histoires, et avec elle j'inscris à la peinture blanche le nom du plantain et de l'amarante sur le pavé nantais. Je parle de mon odyssée, mon herbier, mes rencontres. Je ne veux pas tout dire aux journalistes…

Je suis encore au Jardin des Plantes de Nantes, où mes cinq comparses de la compagnie « Trompe-Jacqueline » m'ont rejoint. En ce dimanche lumineux, l'endroit est fréquenté, animé par les étonnantes sculptures végétales inspirées par les dessins de Claude Ponti.

Le public est là, assis devant la scène naturelle où nous allons jouer tout à l'heure « C'était un petit jardin », le spectacle que nous promenons depuis bientôt deux ans dans la région Rhône-Alpes.

Deux représentations, plus de cinq cent spectateurs, le plaisir de s'amuser avec ces scènes inspirées de nos propres souvenirs, cette fantaisie de théâtre de rue dans les jardins : voilà de quoi finir en bonheur cette aventure du « Chemineau des Herbes », tous réunis par cette ferveur du spectacle vivant, par cette complicité et cette amitié qui nous animent et nous donnent de belles forces.

Vient le salut final, un véritable moment de fusion avec le public, qui nous donne tant d'amour et d'envie de recommencer !

C'est fini. Il faut plier les costumes, ranger tout le matériel, saluer les organisateurs du jardin qui nous ont si bien accueillis, et enfin se séparer comme un équipage après la course au large.

Je suis revenu en Chartreuse, il est dix-huit heures, le soleil va bientôt disparaître derrière la montagne de Roche Veyrand.

Je regarde la crête. Je sais que, juste là, derrière le col de Grapillon, on peut trouver de petites routes tranquilles, qui conduisent doucement à la chapelle Saint Roch, puis rejoignent le chemin de Compostelle, jusqu'au village du Grand-Lemps, où l'on m'a ouvert la porte, un soir de grisaille et de petite pluie, il n'y a pas si longtemps.

Yves YGER

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