Snow mobile
En poussant le rideau du petit jour, il neige dru.
Au saut (?!) du lit, premiers pas de vieillard perclus des courbatures: le « dérouillage » de la veille a laissé des traces !
Je décide cependant de partir, par les petites routes si les chemins sont impraticables. On verra.
C’est vite vu, la neige s’arrête : je préfère évidemment retrouver mes traverses. Immense bonheur de la piste blanche en solitaire, qui fait crier le vert des jeunes feuilles et des fleurs trop tôt sorties : coquelicots, sauges, genêts, chélidoines sont comme effrayées, interdites au bord du talus. Saules et coudriers se courbent en élégance, quelques vaches couleur crème me regardent passer avec grande commisération. Descente initiatique jusqu’au pont de Cognet, cerné d’orchidées dans la mousse, puis remontée facile jusqu’au village de Saint Jean d’Hérans. Ou d’errance ?
Repartir déjà vers la montagne, en direction de Mens. La forêt dégringole de neige lourde et fugace, qui me tombe dessus en gros paquets humides par surprise. Je me bénis de m’être pour la première fois équipé d’un parapluie, qui donne certes à mon équipage une étrange allure de colporteur d’autrefois -cela n’est pas pour me déplaire- mais qui est surtout très protecteur contre les intempestives cataractes issues des branchages. J’atteins la crête. A hurler de bonheur, une piste royale ! Le soleil, finalement, au bout du chemin, me frôle et me console. Descente sur Mens. C’est la foire du premier mai. Fête à Neuneu, nougats et saucisson. Voir du monde fait du bien, aussi.