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Uzès et Moyse


Au jardin médiéval d’Uzès, au pied de la tour-fanal, qui comme un phare gardien, protège la vieille cité des assauts du monde.

Uzès des belles rencontres. Uzès des mots pour le dire.

C’est samedi, jour de marché sur la place aux Herbes, fourmillante de paniers, de couleurs, de saucissons, de poissons ruisselants, de lavande et de senteurs d’épices.

Moi, comédien, je prétends tout à l’heure colporter, à deux pas d’ici, mes histoires de plantes, et troquer quelques anecdotes et recettes en échange de l’écoute bienveillante des spectateurs.

Accueilli par l’association qui fait vivre ce bel endroit, je vais me promener tout à l’heure dans l’Hortus, en discourant en public sur les mérites rassemblés de l’aubépine, de l’ail des ours et de l’olivier pour lutter contre la vague des tensions du temps qui passe, sur les bienfaits de la bardane et de l’ortie contre les tourments cutanés de l’adolescence, et sur la ténébreuse noirceur des pratiques occultes qui font de la belladone un prétexte à voyages au-dessus des raisons.

Moi comédien, ici au pays de l’enfance de Racine le Futur, je prétends m’instaurer proclamateur carolingien du Capitulaire de Villis, voleur des pharmacopées sorcières, moine noir et moqueur des formulaires alchimiques.

Moi, comédien, je prétends inviter mon auditoire d’un jour au banquet des savoirs compliqués et secrets à la fois, à cette fête des mots de l’étrange cabinet de curiosités qui m’inspire.

Je te les proclame, tous ces secrets, Uzès, ma lumineuse, en mémoire de Maître Moyse Charras, ton enfant, ton bel apothicaire, mon respecté confrère d’autrefois, mon cher et lointain détenteur des connaissances oubliées.

Ce soir, Uzès, tu me les donnes, tes lumières fenestrelles, au-delà des apparences et des postures. Et c’est ce grand bonheur que je veux rire et partager.

Bien loin des semblants et des commerces vilains.E

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