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Go west, old man!

Je dois désormais foncer vers l’ouest si je veux arriver encore à temps pour le festival de la Vallée du Louron, où l’on m’attend.

Bourlinguées par le Cers, les bourrasques et les grains s’envolent de la Montagne Noire et me retombent dessus sans délicatesse. Je les insulte en brandissant le parapluie blanc et noir acheté à la Couvertoirade -si loin déjà !- ,mais l’arme est bien dérisoire et il n’en faudrait pas trop avant qu’elle ne m’abandonne, victime d’une ultime et humiliante rafale .

Depuis longtemps, la grise et lointaine silhouette des Pyrénées a disparu sous les nuages; heureusement le chemin est bien tracé et semble apprécié de ma charriote.

Deux jours pour rejoindre Mirepoix puis Pamiers, plus de 60 kilomètres de pluie, puis de bonheur et de bonne fatigue. Des pistes larges, régulières, souvent boisées, constellées d’orchidées sur les talus et de villages chargés de patrimoine : Hounoux, Teilhet, Mirepoix, Vals…

Une belle rencontre, au milieu d’une clairière : celle d’un vrai Jacquet de Compostelle, un passionné, un érudit : Alain Lequien, parcourt ces itinéraires sacrés depuis des années, sous son nom de compagnon : « Bourguignon La Passion ». Il conférencie, il écrit des livres, il est lumineux. Il s’intitule « cheminant », ce qui ne peut déplaire à mon « chemineau » : nous sommes de la même Confrérie, celle des raboteurs de sentiers, des fureteurs d’histoires, des discoureurs des bois, et des partageurs de vérités.

J’ai tort certainement de railler parfois les coquilles : il me reste encore bien des chemins à parcourir, des pays et des gens à aimer. Mirepoix, à la belle place d’arcades de bois et au nom fumant de préparation culinaire.

J’aime les légumes « en Mirepoix », en petits morceaux, en amoureuse julienne, taillés pour que leur goût soit multiple, éclaté, comme un feu d’artifice en papilles. Le mirepoix s’oppose au détestable velouté, qui vous fait en bouche une triste purée à la saveur uniforme.

Vivent les étincelles qui font les différences ! Ce soir, j'ai des envies de Mirepoix.

Pamiers, enfin, la ville où l'on croit qu'on n'arrivera jamais. Indolente, fort bruyante et terne

S'y arrêter enfin, quand même, cassé de partout. Et s'enfuir demain. A l'ouest.

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