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Comprendre et aimer Vals

Un arrêt hier matin à la surprenante église de Vals. Avec un seul L...

Couronnant le village, l’édifice est comme un cairn, posé sur un peu au hasard des blocs de poudingue qui lui font une sorte de piédestal, une sorte de zigourat de guingois, adossée à la montagne.

On y pénètre comme dans une grotte, en se courbant dans l’anfractuosité oblique de la pierre. Respect ! Bien avant d’être une église, il y avait là un lieu païen, l’antre de croyances ancestrales, l’autel de sacrifices interdits.

J’entends les cris sous la pierre, les imprécations sorcières et les reniements des vaincus, la parole du feu et les fumées bavardes de l’Esprit. Les hommes et les femmes de la préhistoire n’avaient-ils pas droit aussi de célébrer le bonheur et l’amour ? On les représente primitifs et violents : que fait-on de leurs tendresses, de leurs désirs, de leurs matins calmes, de leurs actes de grâce face au soleil, et de leurs sourires aussi. Ils sont venus ici souvent, se prosternant sous les blocs monstrueux, pour enterrer leurs morts et fêter la lumière, guerriers du feu et de l’eau : ils sont notre ancestrale parentèle.

Ici, sous l’église minérale, faisons silence en mémoire des anciens maîtres. Plus tard viendront les chrétiens, qui utiliseront le hasard des blocs pour surélever l’église, et peindront les fresques sous les voutes romanes. Admirables visages d’icônes bleutées et fragiles, extraites récemment de la calcite protectrice par un abbé accoucheur d’histoire : le Dieu (les Dieux ?) veillent sur le monde, dans une éternité relative, en une immense douceur. On ne sort pas indemne de la pyramide de Vals.

On se tait, on aimerait savoir prier, on hésite, on caresse encore la pierre rêche. On a appris.

Et puis l’on s’en va, tout doucement, au rythme des herbes, par le chemin qui s’envole au-dessus du village.

Vraiment, on ne peut qu'aimer Vals.

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