LA FAUTE DU PERE DAVID
Voici le curieux sacerdoce Du Père David, ce missionnaire Qui s’en alla rouler sa bosse De l’autre côté de la Terre, Dans les montagnes de la Chine. Cherchant des herbes ignorées, Il les serrait dans son herbier, Puis sortant son porte mine, Il notait sur l'étiquette : « Muséum d’Histoire Naturelle » Avec la date précise et celle De l’emplacement de sa cueillette.
Vers l’an mille huit cent soixante dix, C’est sur un chemin du Sichuan Qu’il fût séduit, le maudit moine, Par l’arbre aux grappes séductrices, Par ce lilas plutôt gaillard. Il récolte un pied, mais c’est trop tard, Car il l’envoie, par un steamer, Jusqu’à Paris, au Muséum, Où même le conservateur Félicite le très saint homme Pour sa trouvaille botanique. Hélas, quelle erreur dramatique !
Car le rameau de Buddleia (C’est bien ainsi qu’on le nomma) Ne faisait pas le difficile : Il appréciait les lieux hostiles Et les décombres et les murailles, Sitôt coupé, prenait racine Dans les vieilles ruines, dans les rocailles. D’une manière clandestine, Même des berges des rivières Il s’instaurait propriétaire. Il séduisait les papillons, Et les abeilles furent clientes De toutes ses fleurs à profusion, Et leurs senteurs entêtantes.
Sa progression fut explosive Le monstre était une invasive ! L’Europe bientôt fut envahie Par le végétal maudit Qu’on baptisa du nom du frère, Le grand fauteur de la misère. C’est lui : Buddleia davidii !
Méfiez-vous donc des missionnaires : Ce sera donc ma position. Croyez en Dieu, mes bien chers frères, Et méfiez-vous des religions !
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