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LES TROIS BACHELIERS



Trop longtemps hésiter peut être regrettable :

En voici la vraie preuve, qu’enseigne cette fable.


Voici trois lycéens, tout couverts de lauriers :

- « Mes amis, il est temps, proclame le premier,

De faire désormais avancer nos gamberges.

Depuis des ans, nous ne faisons que réfléchir :

Aujourd’hui, à nous de choisir notre avenir ! »


- Nous pourrions, » s’écrie l’un, « comme Brassens l’a dit,

Faire mille coups pendables, devenir des bandits !

Mais moi, je préférerai être philosophe,

Ecrire des ouvrages, ou bien devenir prof.

La science des idées fait avancer les hommes.

Hélas ! Je m’interroge, est-ce bien mon fatum ?


- « Moi, » dit le second, « je voudrais être écrivain,

Inventer des histoires, traduire du latin.

J’ai besoin de papier pour écrire mes livres.

J’ai déjà préparé pour classer mes archives,

Des chemises en carton, et mes histoires sont prêtes.

Mais est-ce mon destin, je me trompe peut-être ? »


- « Quoi ? déclare le troisième, que de sots métiers !

Moi, je veux guérir les gens, aider à leur santé :

Je serai donc docteur, ou alors pharmacien,

Disciple d’Hippocrate, autrement de Galien.

J’aime étudier longtemps, et j’aurai la rigueur,

Mais aurai-je le courage d’écouter les douleurs ? »


Alors qu’ils tergiversent, le temps s’écoule vite.

Aucun ne parvient à décider de la suite.

Tant ils tergiversent, et trop longtemps s’atermoient,

Que le patron du bar, à la fin, les renvoie.


Et pendant des semaines, ils ont délibéré,

Remettant sur la table les éventualités

Mais jamais, ne sont allés à la Faculté.

Et les années passèrent, sans jamais avancer.


Le Dieu des universités perdait patience.

Comme il n’était pas honoré de leur présence,

Il décida d’une mesure irrévocable :

Puisque pour bien choisir ils n’étaient pas capables,

C’est en trois bouleaux qu’il les métamorphosa !

Je sais, c’est incroyable, mais c’est le résultat.

Au fond, elle eut raison, notre divinité :

C’est dans le tronc des arbres qu’on trouve la vérité.


Car notre bouleau est l’arbre de la sagesse :

Donc le philosophe ainsi a tenu sa promesse.

De même son écorce peut remplacer le papier :

Pour l’écrivain, seuls manquent la plume et l’encrier.

Quant au potard, au médecin, n’ayez pas peur :

Sa sève de printemps vaut tous les guérisseurs !



Le Bouleau, Betula alba L.

A SAINT BALDOPH (73), le 22 février 2021

© Texte et photo : Yves YGER février 2021




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