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Mon sorbier

Cher sorbier de tous les pardons, dont un oiseau étourdi, un merle sans doute, oublia le fruit dans la mi-pente, je te visite à chacune de mes escapades ; seul dans la haute prairie, tel un repère apaisant et indispensable, tu sacres les rêves où souvent, à la nuit, je m’enfuis. Moi, je te sais héroïque dans les neiges, et ardent aussi dans les étés de pluie. Hélas, sont venus aujourd’hui temps d’indolence et de languissante argile. Tiens bon, héraut des lunes qui mordent et des aurores de givre, elles reviendront. Au loin, pas si loin, là-bas, les hommes meurent sous la haine et la terre odieuse des tranchées. Ici on se goberge et on s’étourdit dans la ganache et la praline. On oublie, on ignore, on s’aboulit. Il y aura demain de vrais hivers, et il faut, comme toi, se tenir prêts.


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